Le FBI et Interpol s’opposent au chiffrement de Messenger et Instagram

La Virtual Global Taskforce, qui inclut notamment le FBI et Interpol, publie une nouvelle déclaration à l’encontre des plans de Meta. L’organisation s’oppose vivement à la politique de chiffrement de bout en bout des applications Messenger et Instagram. En cause, la dégradation des systèmes de sécurité.

Le chiffrement de bout en bout ne plaît pas à tout le monde. Dans un communiqué publié sur le site de l’Agence nationale britannique de lutte contre la criminalité (NCA), la Virtual Global Taskforce (VGT) critique vivement l’engagement de Meta sur le chiffrement de bout en bout. En effet, l’organisation internationale, composée d’une quinzaine d’agences de sécurité (Interpol, Europol, FBI…), estime le projet du groupe pourrait « dégrader les systèmes de sécurité et affaiblit la capacité à assurer la sécurité des enfants utilisateurs ». Le projet en question ? L’application du chiffrement par défaut sur les applications Messenger et Instagram.

Pour rappel, le chiffrement de bout en bout est d’ores et déjà disponible sur les deux services mentionnés. Meta entend simplement aligner l’ensemble de ses produits sur la même ligne que WhatsApp, qui dispose déjà d’un chiffrement activé par défaut. Toutefois, cette annonce semble avoir été la goutte de trop pour la VGT.

Entre protection…
La bataille qui fait rage entre les deux parties ne date pas d’hier. Historiquement, la Virtual Global Taskforce s’est toujours opposée au chiffrement de bout en bout, également connu sous le terme « E2EE » pour « end-to-end encryption ». Risques terroristes, trafic d’êtres humains, pédocriminalité… Les arguments ne manquent pas pour dénoncer cette technologie qui promet sécurité et, surtout, confidentialité à ses utilisateurs. Sauf que, selon Meta, les criminels sont très loin d’être les seuls à apprécier ces avantages.

Contacté par ARS Technica, le groupe explique que « les gens ne veulent pas que nous lisions leurs messages privés ». Or, c’est bien là que le bât blesse. Le chiffrement de bout en bout assure aux utilisateurs que leurs conversations restent privées, qu’ils respectent la loi ou non. Malgré tout, la firme affirme avoir conscience des dérives possibles de cette confidentialité. « Alors que nous continuons à déployer nos plans de chiffrement de bout en bout, nous restons déterminés à travailler avec les forces de l’ordre et les experts en sécurité », indique un porte-parole.

… Et surveillance
Même si les intentions de la Virtual Global Taskforce sont louables, le fait est que de nombreux experts s’opposent à la suppression du chiffrement, ou à la mise en place de portes dérobées. Dans un article publié en 2022, Ross Anderson, professeur à l’université de Cambridge, indique que le chiffrement de bout en bout doit être maintenu, ne serait-ce que pour des « raisons morales ». « La surveillance généralisée, sans mandat ni soupçon, est contraire à la législation sur les droits de l’homme, tout comme la torture. […] L’État de droit doit primer sur la “sécurité nationale” ».

Quelles que soient les intentions de la VGT, Meta ne compte pas faire marche arrière maintenant. Le groupe prépare cette mise à jour depuis trop longtemps pour renoncer et le chiffrement devrait être activé par défaut sur Messenger dès cette année. De leur côté, il se pourrait que les utilisateurs d’Instagram doivent attendre 2024. Reste que la problématique est bien réelle et que les deux camps disposent d’arguments solides pour défendre leur position. Quant à savoir si un compromis est envisageable…