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Test – Travis Strikes Again : le dernier cocktail épicé de Suda51
Le développeur fou (mais génial) Suda51 revient en force avec la sortie d’un beat’em all déjanté prenant place quelques années après No More Heroes 2 : Desperate Struggle. Il ne s’agit pour autant pas d’une suite mais d’un nouveau départ pour le héros Travis dont les élucubrations se déroulent cette fois en exclusivité sur Nintendo Switch.
La saga No More Heroes est née en 2007 sur Wii sous la direction de Goichi Suda (dit Suda 51), développeur franc-tireur à qui l’on doit des titres on ne peut plus violents et déjantés tels que Killer 7, Shadows of the Damned, Lollipop Chainsaw ou encore Killer is Dead.
Voir son héros, Travis Touchdown, revenir en exclusivité sur Switch dans ce spin-off est une agréable surprise pour les fans de l’artiste et de son studio, Grasshopper Manufacture. Travis Strikes Again : No More Heroes reprend ainsi sans surprise les gimmicks du studio, à savoir beaucoup de cool attitude, des gags souvent situés en-dessous de la ceinture (aaah, ces points de sauvegarde où le héros s’assied sur les toilettes !), un ton irrévérencieux et des références en pagaille.
Le titre se prête d’ailleurs très bien aux détournements d’univers vidéoludiques (mais également cinématographiques) puisque l’action se déroule au sein d’une console de jeux légendaire, la Death Drive Mk II, dans laquelle le héros est propulsé afin de contrecarrer les plans de son antagoniste Bad Man, qui veut ressusciter sa fille précédemment tuée par notre héros. Plongé dans ses jeux fétiches, Travis doit alors exterminer les bugs et boss qui s’enchaînent frénétiquement à l’aide de son Beam Katana, un sabre laser qu’il doit régulièrement secouer pour en recharger l’énergie (sic). Le scénario n’ira pas beaucoup plus loin, mais cela suffit à Suda51 d’enchaîner les scénettes et dialogues tour à tour amusants et irrévérencieux dans un grand maelstrom de pop culture roboratif.
De nombreux éléments de No More Heroes sont repris, la différence majeure étant ici que l’action se déroule la plupart du temps en vue du dessus, transformant davantage l’expérience en hack’n slash qu’en beat’em all. Côté gameplay, on est à la fois dans du classique et du nerveux, à base de frappes, d’attaques spéciales et d’esquives. Des techniques spéciales se débloquent au fur et à mesure et sont à assigner à l’un des boutons des Joy-cons. Rien d’innovant, mais cela reste suffisant pour enchaîner les attaques sans trop sombrer dans l’ennui. D’autant que l’aventure est agrémentée de séquences au gameplay variables (l’ensemble étant réparti en 7 niveaux représentant les différents jeux de la Death Drive Mk II) où l’on trouve notamment du puzzle game, des courses de motos à l’ambiance néon (coucou Tron!) ou des phases de platformer. De quoi sensiblement briser le sentiment de répétitivité inhérent au genre.
L’ensemble se plie en moins de 10h (beaucoup moins si vous n’êtes pas du genre collectionneur), mais Grasshopper a ajouté un mode coopération qui peut être partagé sur un même écran avec un ami, qui pourra alors incarner Bad Man, armé d’une batte de base-ball. Notons que ce dernier peut aussi être choisi en solo, le joueur pouvant changer de personnage à tout moment.
Le contenu proposé reste donc très correct au vu du prix (une trentaine d’euros), d’autant qu’une mise à jour gratuite vient d’ajouter un mode New Game + qui permet, après avoir terminé le jeu, de conserver ses compétences pour repartir à l’aventure, peut-être cette fois dans un mode de difficulté plus élevé (le jeu en propose trois : sucré, salé et épicé). Pour les fans, des DLC sont aussi disponibles à 10 euros pièce, contenant à chaque fois un nouveau personnage (dont Bad Girl) et un scénario supplémentaire pour le mode Aventure.
Enfin, si visuellement Travis Strikes Again : No More Heroes n’a pas l’air folichon, il offre en réalité une direction artistique singulière, mêlant cell-shading, traits épurés, esthétique néon et graphismes pixelisés. Le rendu final ne fera peut-être pas l’unanimité, mais il sort en tous cas du lot et propose une expérience visuelle assez hallucinatoire et délicieusement rétro qui, accompagnée de sa bande son électro, fonctionne très bien.