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Processeurs : La faillite du 10 nm chez Intel
Rares sont les échecs chez Intel. Et pourtant. Le passage d’une technologie de gravure de 14 vers 10 nanomètres, qui s’annonçait comme une simple formalité, s’est rapidement mué en cauchemar chez le fondeur. À tel point que celui-ci aurait récemment fait acte de contrition et admis qu’il s’était fourvoyé.
Il n’y aura donc pas de processeur Intel « 10 nm » avant le second semestre 2019. Cette annonce récente n’aura surpris personne : cela fait trois ans que le fondeur mastodonte louvoie et recule l’échéance du lancement de ce nouveau process. Fait plus rare, en revanche, Intel aurait admis que la technologie qu’il avait choisie était une impasse, victime de ce que les Anglo-Saxons baptisent the sunk cost fallacy. Autrement dit : plus vous investissez de temps et d’argent dans une aventure, même vouée à l’échec, plus vous avez du mal à reconnaître votre erreur et à tout recommencer à zéro. Retour sur un des échecs majeurs de l’Américain.
Une transition plus difficile que prévue
À la décharge d’Intel, il faut bien admettre que, jusqu’en 2016, les ingénieurs maison avaient déployé des trésors d’ingéniosité pour défier les nombreux obstacles posés par la miniaturisation : diélectrique « haute permittivité » apparus avec la génération Penryn (45 nm), suivi des nouveaux transistors FinFET, baptisés « Tri-gate ». Tout ceci nous avait emmené en 2014 et sa technologie « 14 nm ». Jusqu’alors Intel n’avait jamais failli à son modèle tick-tock, miniaturisant systématiquement son process de gravure tous les deux ans. Logiquement, on attendait donc le « 10 nm » pour l’année suivante, avec Kaby Lake.
Or, brutalement, le discours change. Kaby Lake sort, mais en 14 nm. Intel explique que désormais, chaque process de gravure durera trois itérations (« process – architecture – optimisation »). Mais Cannon Lake, l’itération 10 nm de Kaby Lake, prévue pour 2016, se voit reportée d’abord en 2017, puis en 2018. Effectivement, en 2018, un processeur « 10 nm » mobile apparaît, le Core i3-8121U. À l’analyse, il apparaît cependant que ce dernier, bi-cœur avec un GPU désactivé – une première –, fait moins bien que ses équivalents directs de la génération précédente ! Intel ne fournira d’ailleurs qu’un lot de ces processeurs « au rabais », dans l’espoir sans doute de faire taire les rumeurs, la production de masse de processeurs 10 nm étant une nouvelle fois différée au deuxième trimestre 2019. Trois ans de retard, du jamais vu ! Que s’est-il passé ?